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Le Milan, club vraiment italien

25 Mai 2007 , Rédigé par R.Baggio


Le Milan et l'Italie ; l'Italie et le Milan ; fierté commune, association fructueuse, axiome du succès, mariage heureux, résistance à la déferlante, leçon universelle de réussite.

Socle inébranlable que d'innombrables iconoclastes rêvent de faire vaciller depuis des lustres, par le biais de procédés aussi séduisants que pervers, endoctrinement journalistique "tendance" fortement lié à la consommation de masse et aux rouages de ce qu'il est coutume d'appeler le système.
Les plus célèbres bastions européens n'ont pas résisté aux charmes de ces sirènes, et ont fini par sombrer doucement dans un abîme indéniablement confortable. Ils ont trahi leurs idéaux d'antan, bafoué leurs traditions, piétiné leurs valeurs.

Exotisme, vedettes du showbiz, vente de maillots, jongleries zavatopindérisées, quel cocktail attrayant ! Tel l'art moderne, architectural ou culinaire, on aligne les oxymores, on mélange les ingrédients savoureux sans se soucier de leur complémentarité, de leur fonctionnalité. L'économique, le commercial, prennent l'ascendant sur le culturel, dénaturent un patrimoine, un héritage de plusieurs décennies, avec une habileté évidente.
Les noms les plus ronflants sont annoncés, les journaux y consacrent des pages entières, les enchères montent, les supporters s'extasient en composant des mois à l'avance leur équipe de rêve, sans se soucier des concepts de cohésion, d'unité, de collectif, et encore moins d'efficacité. Les âmes sont domptées, le système a gagné.

L'Internarsenal est chantée à tue-tête par les stades du monde entier, fait couler autant l'encre des imprimantes, que le liquide séminal des supporters, puis leurs larmes lorsque les résultats ne répondent pas aux attentes. Mais le fan lobotomisé oublie vite, et repart de plus belle quelques mois plus tard, se berçant des mêmes illusions.
Les équipes nationales de ces pays n'existent plus ou presque, et la masse n'en comprend pas les causes.

Toute l'Europe est occupée. Toute ? Non, car seul le diable ne vend jamais son âme. Rouge et noire, constellée d'étoiles azures, cette âme brille de mille feux. Qu'elle semble loin la courte parenthèse post-Bosman, comme elles paraissent désuètes les tentations et tergiversations de la fin des années 90, dont les leçons ont étés magistralement tirées !
Les leçons de l'Histoire sont souvent significatives : au début des années 90, le football italien régnait en maître sur l'Europe, et sa sélection, dotée d'une ossature défensive milanaise, alignait les excellentes performances en coupe du monde.
Insolents, énervants, mais tellement compétents, les entraîneurs transalpins - Sacchi, Capello, Lippi - menaient avec brio leurs équipes vers des sommets rarement atteints. Entre 1993 et 1998, pas une finale de ligue des champions ne s'est déroulée sans une équipe italienne, vraiment italienne. Le Milan y a d'ailleurs activement participé, avant de devenir momentanément, une fois les quotas nationaux abolis, l'une des nombreuses fashion victims de l'époque.

L'honneur du club a été de s'extirper du bourbier en y laissant ses concurrents. Dès 2003, en effet, la réitalianisation de l'équipe a porté ses fruits, et chaque supporter italien a eu le plaisir d'assister à une finale européenne 100% italienne, avec 13 Italiens sur la pelouse, en territoire corrompu. Depuis, avec une base presque identique, le club est devenu le plus régulier, le meilleur d'Europe, et le pays champion du monde, avec une bonne partie de titulaires rossoneri. Destins liés...

7 Italiens titulaires, 6 champions du monde dans l'effectif, une finale de ligue des champions à la clé, nos dirigeants ont compris la leçon, et peuvent être fiers de l'équipe qu'ils ont su construire, rempart idéologique face au tsunami et aux illuminations ambiants.

En Italie, le football est étroitement lié à une culture tactique rigoureuse, unique au monde, inhérente à chaque joueur formé dans ce pays. Tout comme un enfant est conditionné par son milieu, et son éducation, le footballeur italien, tout en ayant des talents propres, porte en lui les valeurs de ses idoles, de ses entraîneurs passés, de son pays. L'association au sein d'une même équipe de joueurs italiens permet donc d'appliquer plus facilement ce qui fait depuis plusieurs décennies le succès de ce pays et de ses clubs, le Milan en particulier. Cohérence linguistique, culturelle, tactique, compétences différentes mais valeurs identiques (Nesta-Gattuso) ; base solide à laquelle peuvent être adjointes quelques vedettes étrangères , à dose limitée, afin de l'enrichir et d'y apporter une étincelle supplémentaire, sans la dénaturer. Le trio néerlandais, les meneurs Kakà et Seedorf, le recrutement productif de Ronaldo, tout ceci contribue à la construction d'une équipe compétitive, pour la simple raison que les excès caractéristiques de nos adversaires sont évités.

Les secteurs défensifs italiens sont les meilleurs au monde, comme l'a encore démontré la squadra azzurra en juin dernier, et comme le démontre le Milan depuis le recrutement de Massimo Oddo, le retour de l'axe Maldini-Nesta, et la constitution d'un trio Gattuso-Pirlo-Ambrosini au milieu du terrain. Certaines vérités ne se démentent pas, certaines marques de fabrique sont éternelles. Les dirigeants milanais semblent en avoir pris bonne note, à l'heure où il est - trop tôt ? - question du renouvellement ou du doublement de certains postes. Il serait opportun pour les supporters les moins résistants au culte de l'Internarsenal de se mettre à la bonne page. Buffon, Zambrotta, Barzagli et Montolivo, pistes suivies depuis longtemps, fleurent moins bon l'exotisme que d'autres, ne vendront peut-être pas autant de maillots (encore que ...), mais seraient le prolongement logique de la politique pertinente et cohérente menée depuis plusieurs années, ainsi que du succès du Milan AC et de l'équipe d'Italie, qui va de pair ...

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